Condylomes externes

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Les infections muqueuses dues aux papillomavirus humains (PVH) sont actuellement les MST les plus fréquentes.

Leur prévalence est 2 fois supérieure à celle de l’herpès génital. Elles affectent 1 à 2% de la population aux États Unis et 3 à 5% de la population présentera une infection clinique à PVH au cours de la vie tandis que 10 à 15% de la population présenterait une infection latente qui constitue un « réservoir », source de contamination à l’occasion de réactivation de l’infection. La prévalence des infections à PVH est en augmentation.

Ces infections constituent un vrai problème de santé publique si l’on considère ces données épidémiologiques et le rôle carcinogène de certains types de PVH muqueux (PVH 16 et 18) dans le cancer du col utérin et leur implication plus récente au cours des carcinomes de la muqueuse anale.

Les condylomes anogénitaux externes sont principalement associés à des « PVH à faible potentiel oncogène » (PVH 6 et 11 en particulier). Ils sont le plus souvent de diagnostic facile (condylomes acuminés) et présentent, contrairement aux atteintes cervicales utérines et anales, des potentialités oncogènes nulles ou très faibles.

L’infection par ces PVH, qui concernent plus volontiers les dermatologues, est volontiers multifocale et doit amener le dermatologue à un bilan d’extension loco-régional. Ces lésions externes péniennes, vulvaires ou péri-anales de nature bénigne peuvent toutefois aussi être un marqueur clinique de lésions précarcinomateuses dues à une coinfection par des « PVH à haut potentiel oncogène » (PVH 16, 18 et 33) qui infecteront d’autres sites anatomiques (col de l’utérus, anus) muqueuses où les potentialités oncogènes de ces virus sont plus documentées.

Après l’étape de diagnostic et de dépistage :

Un bilan minimum doit être effectué. Il concerne le patient et son (ses) partenaire(s). La présence de condylomes externes doit inciter non seulement à rechercher d’autres localisations chez le patient, sa (son, ses) partenaire(s) en fonction du contexte clinique (existence d’une immunodépression...) et des pratiques sexuelles mais aussi à réaliser un bilan de maladies sexuellement transmissibles.

Le bilan et la prise en charge des condylomes sont l’objet de recommandations publiées dans la littérature. Celles-ci ne permettent malheureusement pas de répondre aux questions pratiques posées par les patients et les cliniciens non dermatologues ayant une expérience restreinte du sujet.

Le traitement des condylomes est difficile. Aucun traitement antiviral spécifique permettant d’éradiquer l’infection par les PVH n’est disponible. Les échecs ou récidives peuvent résulter de facteurs multiples :

- bilan lésionnel initial insuffisant
- absence de dépistage du ou des partenaires
- suivi insuffisant
- explications insuffisantes fournies aux patients
- infection latente

Le risque d’échec est limité par l’expérience clinique et le recours, aussi souvent que possible, à une collaboration multidisciplinaire où dermatologues, gynécologues, urologues, proctologues sont susceptibles d’être impliqués. Nous insisterons particulièrement dans ce qui suit sur les questions pratiques posées par les patients et les correspondants qui adressent ces patients aux dermatologues.